Sur la route de Cassel, au cœur des Flandres, l’église Saint-Martin d’Arnèke se dévoile aux visiteurs. Facilement reconnaissable grâce à son imposante tour en brique, une des plus importante du territoire avec ses 30 mètres de hauteur, l’édifice domine le paysage.
Située à l’emplacement d’une ancienne église en pierre du XIIème siècle, succédant elle-même à une première église primitive en bois du IXème siècle probablement, l’église actuelle surprend par son architecture sobre à l’extérieur contrastant avec la richesse de son décor intérieur.
Durant la Révolte des Gueux (1565-1569), mouvement mené par des nobles opposés à la politique du souverain des Pays-Bas espagnols (Philippe II d’Espagne) à l’encontre de la progression du protestantisme, l’église d’Arnèke est par deux fois en proie au pillage et au feu comme de nombreuses églises du territoire dans lequel l’image catholique est mise à mal.
Elle est reconstruite à la fin du XVIème et durant la première moitié du XVIIème siècle sur le plan d’une hallekerke (église-halle) à trois nefs dont l’un des premiers vaisseaux est érigé dès 1595.
En entrant par la tour-porche, le visiteur marque un arrêt d’émerveillement devant l’éclat du décor et des biens de l’église exposés sous des voûtes lambrissées redécorées au XIXème siècle et encadrées par d’impressionnantes boiseries présentant cinquante-deux saints (dont seulement 9 saintes !).
Plusieurs éléments proviennent de l’ancienne abbaye Saint-Winoc de Bergues, dont l’hospice d’Arnèke dépendait, comme les deux soldats romain et juif grandeur nature qui encadre l’entrée de la grotte renfermant la monumentale mise au tombeau.
Amis visiteurs, prenez le temps d’admirer chaque élément, comme les retables présentés plus bas avec les confessionnaux, la chaire et l’orgue. Mais jetez également un coup d’œil au chemin de croix écrit en flamand !
Placée sous le vocable de Saint-Martin, l’église est toujours très vénérée pour le culte de saint Gohard dont elle possède les reliques. Originaire de Bavière, Gohard devient moine-pèlerin en Europe après son refus de la place de père-abbé à l’abbaye d’Altach avant de se mettre au service de l’évêque de Thérouanne qui l’envoie à Arnèke. Il y restera 3 ans pour évangéliser la région avant de repartir pour Altach où il devient père-abbé avant d’être nommé évêque d’Hildesheim.
Cet ensemble de boiseries du XVIIIe siècle, peint et doré, tapisse entièrement le choeur et y intègre parfaitement les vitraux et tableaux.
Le tableau d'autel, au centre, représente saint Charles Borromée devant la croix.
Au plafond, l'apothéose de saint Martin, patron de la paroisse.
L'autel est en bois doré avec miroirs. L'exposition tournante de 1772, compte trois compartiments.
Le retable nord est dédié à la Vierge. Le tableau représentant saint Dominique recevant le Rosaire des mains de la Vierge est de Bafcop, peintre de Cassel. Il date de la fin du XIXe siècle. Dans la niche est placée une statue de la Vierge à l'Enfant du XVIIIe siècle.
Le retable sud est dédié à saint Nicolas. Le tableau central représente l'apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite Alacoque. Il est également signé Bafcop. La statue dans la niche est celle de saint Nicolas.
Au nord : l'autel de Jésus flagellé du XVIIIe siècle témoigne de la grande dévotion à la Passion dans toute la Flandre.
Au sud : l'autel de saint Gothard date du XVIIIe siècle. On vient "servir" cet ancien curé d'Arnèke depuis le XIIIe siècle pour obtenir la guérison de maladies incurables. Une neuvaine annuelle a lieu du 1er au 9 mai.
Les deux autres confessionnaux sont de Louis Binet, d'Arnèke.
Le buffet d'orgue est également une œuvre de Spillmaker, datée de 1771. On peut y lire une inscription en flamand : "Par un don personnel du Sieur VAN Kempen, j'ai été donné alors qu'il était doyen-pasteur de cette paroisse, j'ai été donné."
En 1899, un orgue du facteur Neuville de Rexpoëde a pris place dans le buffet.