Natalie est née à Moncheaux le 2 août 1778. A 24 ans elle se fait embaucher comme servante à Lille. Avec audace et compassion, elle fonde une congrégation religieuse pour sortir les pauvres de la misère et témoigner de la bonté du Christ. Elle est décédée à Templeuve le 23 février 1858. Son corps repose dans l‘église Notre-Dame de Grâces à Loos-lez-Lille. Partons sur les traces de cette figure de l’Église de Lille, dans les rues de la ville.
Circuit réalisé par la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs (PRTL) de Lille sur une idée et à partir des textes de Sœur Emmanuelle Duez Luchez, supérieure générale des Sœurs de l'Enfant-Jésus.
Contempler le Christ flagellé
Tout commence là. Le 22 avril 1820, grande ferveur populaire à l’église Saint-Maurice : le coeur duc de Berry qui devait accéder au trône de France, assassiné le 14 février, est transporté dans l'église.
Natalie, cachée dans la foule, se trouve placée sous le regard de la statue miraculeuse du Christ flagellé. Elle est soudain saisie par une profonde compassion pour Louvet, l’assassin du duc. La foule pleure la fin de la dynastie royale, Natalie pleure sur ce larron qui n’entrera pas au Paradis. «Regardez ce visage, son regard posé sur chacun de vous est une grande espérance».
Première communauté
En 1825, la municipalité offre à Natalie une partie inoccupée du Bureau de Bienfaisance pour y accueillir les orphelines; sept compagnes l'y rejoignent. Le 7 septembre 1826, l'Evêque reconnaît officiellement la Congrégation; et le 7 septembre 1827, alors que le roi Charles X est en visite à Lille, Natalie en compagnie des 40 orphelines choisit de déménager au 52 rue du Metz, n'hésitant pas à croiser le cortège royal. Le Bureau de Bienfaisance est aujourd'hui mairie de quartier de Lille-centre.
Écouter les paroles qui nous font vivre.
Dans son combat contre l’ignorance religieuse, elle ranime la soif spirituelle au pied du calvaire au chevet de l’église Saint-Etienne, de 1792 à 1802, les églises ayant été fermées et les célébrations interdites. Des prêtres se cachent pour l’écouter parler de Jésus avec l’abondance du cœur. Tous accueillent ses paroles avec avidité et se rendent ensuite au confessionnal… Un peu comme à Ars !
Un pauvre crie, Dieu entend
Lorsque Natalie emmène les orphelines à Sainte-Catherine, certains s’offusquent. Elle les apostrophe alors : "Où croyez-vous, mes gentes dames, qu’en dépit de vos belles âmes va la préférence divine : vers vous ou vers nos orphelines ? Ne pensez-vous pas, ne vous en déplaise, que ces enfants seraient bien aises d’échanger votre linge fin, vos robes fraîches de satin contre leurs pauvres nippes grises ? Allez-y, faites deux églises, et commandez donc au Bon Dieu d’ouvrir son paradis en deux, un côté pauvre, un côté riche : plus de pauvreté qui s’affiche ! Qu’à vos yeux ne soit plus offert le spectacle de la misère ! Pour mes pauvres et pour vous-mêmes."
Dieu appelle, Nathalie entend
Natalie avait l'habitude de se recueillir dans l'église Saint -André devant le tableau de Van Oost. Elle médite devant cet Enfant-Jésus accueillant la Croix. Elle décide qu'elle sera désormais la servante - ou Fille- de cet Enfant-Jésus heureux de porter la croix qui sauve le monde.
Sous la protection maternelle de Marie
Le 7 septembre 1827, Natalie s’installe dans la Maison Sainte Marie avec 40 orphelines et déjà 17 novices. Le 22 août 1828, Natalie et ses compagnes s’engagent en prononçant leurs vœux religieux ; la Congrégation grandit très vite : en 1858, à la mort de Natalie, 499 sœurs se sont engagées dans cette maison, au service des enfants pauvres, des malades et des vieillards dans le département du Nord. Peu à peu l’œuvre se développe, et la Maison Sainte-Marie s’agrandit jusqu’à la rue Saint Sébastien et les quais de la Basse-Deûle (aujourd’hui rue Maracci). Jusqu’au 30 juin 2018, l’établissement scolaire avec internat a perpétué la vocation initiée par Natalie : accueillir de jeunes enfants en difficulté sociale ou familiale. Les maisons de la rue du Metz sont vendues à des particuliers, mais le reste de la propriété est confiée à l’Association Habitat et Humanisme, qui poursuit dans le même esprit son accompagnement des plus démunis.
De l'importance de la tradition et de la transmission
Natalie lorgne depuis longtemps sur cet ancien couvent des Carmes déchaux, confisqué par les révolutionnaires et utilisé comme dépôt par l'armée. Elle présente sa requête au ministre de la Guerre, faisant valoir que, grâce à l’accès aux quais de la Basse-Deûle, il aurait avantage à échanger ce couvent contre la propriété des sœurs. Dès décembre 1848, elle écrit à toutes les instances possibles (54 lettres !). En 1854, elle réussit à convaincre Napoléon III, venu en visite à l’hospice Général de Lille tenu par les Sœurs. Le 5 mai 1855, une loi est votée au Parlement pour que la Congrégation puisse acheter cet ancien couvent.
XXe - XXI siècles de partage 240 Carmes, qui ont veillé sur la Congrégation pendant 170 ans, sont enterrés sous l’église. Même si la Maison Sainte-Marie demeurait la première, poursuivre l’œuvre des Carmes était prioritaire. Pendant les guerres, cette maison a été un refuge pour bien des détresses et des solidarités. A partir de 1970, l’église sainte Marie-Madeleine est désacralisée, l’église du couvent devient église paroissiale. En 2004 la paroisse saint Pierre-du-Vieux-Lille garde, pour le culte, les églises sainte Catherine et saint André tandis que l’église des Carmes déchaux est confiée à la Cité de l’Evangile, elle accueille une exposition « Itinéraires de croyants d’Abraham à Martin Luther King ». Depuis 2018, la Congrégation a confié l’ensemble immobilier des anciens Carmes déchaux au Diocèse de Lille.