Contrairement aux idées reçues, le département conserve de précieux témoins de l’art roman.
L’an mil marque un tournant pour la civilisation occidentale qui connaît une période de paix. C’est une période prospère qui permet l’émergence des grands royaumes : Hugues Capet installe les Capétiens sur le trône Franc, Guillaume le Conquérant, descendant des vikings, s’empare de la couronne d’Angleterre et Henri Ier recréé le Saint-Empire-Romain Germanique.
Grâce aux progrès techniques les réseaux routiers et fluviaux, plus sûrs, se développent, ce qui facilite les nombreux échanges commerciaux à travers l’Occident médiéval.
La société s’épanouit grâce au développement du christianisme et au rôle de l’Église. Les papes mettent en place une réforme religieuse, dite grégorienne. Elle permet de définir et d’affirmer le rôle du clergé.
Le culte des saints connaît un grand développement et entraîne de nombreux pèlerinages, comme vers Saint-Jacques de Compostelle ou vers Rome en empruntant la Via Francigena. On part sur les chemins pour racheter son âme des péchés commis. Des croisades menées pour délivrer la Terre Sainte et Jérusalem aboutissent à la création du royaume chrétien de Jérusalem.
Dans ce contexte d’expansion et d’affirmation du christianisme, tous les pays d’Europe se lancent dans la construction de nombreuses cathédrales et églises. L’église devient l’édifice le plus important de la ville et du village médiéval, c’est un point de repère dans le paysage.
L’art roman est le premier art commun en Europe depuis la fin de la civilisation romaine. Il connaît plusieurs périodes :
Les églises sont les lieux d’expression privilégiés de cet art. Un lien étroit unit l’architecture romane et la liturgie grâce à des espaces bien définis réservés à l’accueil des fidèles, l’accès aux reliques et la célébration du culte.
Les artistes construisent un édifice monumental et fonctionnel, accordant une place importante à la sculpture dans le but d’élever spirituellement l’âme du croyant. L’église devient « une Bible de pierre ». L’imaginaire roman est omniprésent dans les églises et on le retrouve sur les modillons ainsi que sur les chapiteaux historiés qui apparaissent à cette époque. Chaque image a plusieurs niveaux de lecture. Il faut décrypter le sens de la scène avant d’y inclure une interprétation morale pour en comprendre la dimension spirituelle.
Les grandes innovations de l’art roman sont les voûtes en berceau et les arcs en plein-cintre qui sont soutenus par des contreforts à l’extérieur et des murs épais. Malgré ces derniers les architectes romans cherchent à faire rentrer la lumière dans l’édifice et principalement dans le chœur où se déroule l’Eucharistie. Dès l’époque romane on voit apparaître des croisées d’ogives et des arcades aigües primitives, qui connaîtront leur apogée sous l’époque gothique.
Les églises romanes se munissent, à cette époque, de collatéraux et de déambulatoires afin de mieux faire circuler le flux de fidèles et de pèlerins.
Pendant l’époque romane, l’actuel département du Pas-de-Calais dépend du prospère comté de Flandre. Ce pouvoir seigneurial fort permet de connaître une richesse économique qui garantit l’indépendance du comté, malgré les liens de vassalités qui unissent le comté au roi franc et à l’empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique. Cette époque est considérée comme l’âge d’or du comté de Flandre.
La Flandre, « terre de passage », est le territoire le plus urbanisé d’Occident, participant à toutes les grandes foires commerciales internationales de l’Europe médiévale. Elle y vend ses draps, sa laine et ses céréales, ce qui favorise les échanges artistiques et commerciaux.
Cette période de prospérité voit la construction de nombreux monastères et églises sous l’impulsion de grandes abbayes : Saint-Vaast à Arras, Saint-Bertin à Saint-Omer et Saint-Josse à Dommartin qui complètent les programmes de construction voulus par les seigneurs et les villes.