01 novembre - 14 mars
lun 9.00 - 17.00
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jeu 9.00 - 17.00
ven 9.00 - 17.00
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dim 9.00 - 17.00
15 mars - 31 octobre
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Dominant la campagne du Pays d’Auge, le clocher de l’église Saint-Aubin de Vieux-Pont-en-Auge, commune déléguée de Saint-Pierre-en-Auge, attire le regard et invite le visiteur à pousser la porte de l’un des plus anciens édifices religieux de Normandie.
L’église a été construite à l’époque carolingienne, entre les IXe et Xe siècles. Sa maçonnerie particulière, composée de moellons de pierre liés au mortier et agrémentée de trois rangées de briques rouges, constitue un élément rare et emblématique. Cette technique, d’origine romaine, a également été observée dans des enceintes militaires comme celle du Mans ou dans les thermes de Cluny à Paris. Des analyses par thermoluminescence ont révélé que ces briques datent de 300 av. J.-C. à 700 apr. J.-C., témoignant ainsi du réemploi de matériaux anciens lors de la construction.
L’édification de l’église s’est poursuivie à l’époque romane comme en témoignent les étages supérieurs du XIe siècle.
L’intérieur de l’église n’est pas en reste et offre de surprenants détails à observer. En levant les yeux vers le plafond de la nef, on peut apercevoir les rageurs sculptés aux extrémités des poutres. Sur le mur gauche, un enfeu avec un arc en plein cintre attire également l’attention.
Visible sur la face est de la tour, à l’angle du chœur, cette plaque mémorielle en latin, rédigée dans une typographie carolingienne, se traduit ainsi : « (Le) 7 (des) id(es de) févr(ier), est mort Ranoldus. Il est né de la race des Francs. Que son âme repose en paix. Am(en). Il a fait cette église. »
À cette époque, ce type d’inscription rappelait la date anniversaire de la mort d’un personnage important, afin que l’on prie pour lui, même s’il était enterré ailleurs. Ces plaques sont très rares en Normandie.
À l’entrée de l’église, deux statuettes polychromes en pierre du XVIe siècle sont exposées :
• la première représente saint Martin vêtu selon la mode du XVIe siècle, à cheval, épée à la main. Les traits des visages, du cheval et des vêtements sont soignés.
• la seconde figure une sainte Trinité ou Trône de Gloire. Le Père, coiffé d’une tiare, est assis sur un trône orné de fleurs de lys, tenant le Christ crucifié, avec la colombe du Saint-Esprit sous sa barbe.
Ce tableau, autrefois situé sur le maître-autel, date de la fin du XVIIe siècle. Il représente saint Aubin en évêque entouré de personnages et ressuscitant un enfant mort dans les bras d’une femme entourée de femmes éplorées. Plus qu’une scène d’un miracle de saint Aubin, il s’agirait plus probablement d’une scène de « répit » : croyance selon laquelle un enfant mort-né pouvait être brièvement ramené à vie afin d’être baptisé.
Mais ce qui rend ce tableau exceptionnel ce sont les repeints réalisés à l’avènement de la première république (1792-1804) où des symboles républicains ont été ajoutés : un drapeau tricolore, une pique des sans-culottes et un faisceau de licteur en arrière-plan séparant la scène en deux. En bas, à droite, un petit personnage habillé en militaire tire du canon correspond probablement à la signature de l’auteur des repeints.
Ces chefs-d’œuvre de bois sculpté datent des XVIIe et XVIIIe siècles.
• Retable du chœur : Lors du démontage du tableau, des peintures de style sulpicien, probablement du début du XXe siècle, ont été redécouvertes. On y lit : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes ». De chaque côté, deux cartouches représentent saint Jean Eudes, fondateur des Eudistes et du séminaire de Caen, et sainte Marguerite-Marie Alacoque.
• Retable latéral nord (gauche) : Il illustre le Retour d’Égypte de la Sainte Famille, d’après un tableau de Gerard Seghers inspiré de Rubens. Marie semble enceinte, détail inhabituel pour cette scène, datée de la fin du XVIIe siècle.
• Retable latéral sud (droit) : Il représente la Charité de saint Martin, partageant son manteau avec un mendiant depuis son cheval.
Des traces de la litre funéraire du dernier seigneur de Vieux-Pont sont encore visibles dans l’angle nord-ouest de la nef. Sous l’Ancien Régime, on peignait en noir une bande portant les armoiries du défunt seigneur en signe de deuil.
Ici, un écu orné de deux licornes et d’une couronne de baron contient trois canettes et trois fleurs qui se définissent en héraldique :« D’azur au chevron d’argent accompagné de trois canettes d’argent en pointe, fasce d’argent, au chef chargé de trois roses d’argent. »
Ces armes appartiennent à la famille Dunot, présente à Saint-Pierre-sur-Dives depuis le XVe siècle, et propriétaire de la baronnie de Vieux-Pont au XVIIIe siècle (branche de Saint-Maclou).